1969-1984 Quinze ans de guerre religieuse contre la messe traditionnelle. (1)

D'abord l'interdiction de Paul VI et ensuite la 《fleure》de Jean-Paul II.

Ci-dessus: Pape Paul VI et les six protestants qui ont contribué à l’élaboration de la nouvelle messe :

Dr. George ; Canon Jasper ; Dr. Shephard ; Dr. Konneth ; Dr. Eugene Brand et le Frère Max Thurian. [Photo du 10 avril 1970]

Sommaire:

1 Introduction 

2 Le scandale de la liberté religieuse 

3 Chronologie des événements survenus entre 1969 et 1984

4 Pourquoi l'interdiction de la messe saint Pie V était invalide?

5 La réforme liturgique une affaire de francs-maçons ?

6 Résumé 

I Introduction 

  Aujourd'hui, il existe une grande incompréhension au sujet du terme traditionnaliste et de la crise de l'Eglise. Pourquoi les traditionnalistes se distinguent-ils des autres catholiques? Ils ne sont pas 《la secte Lefebvriste》comme peuvent le dire les 《catholiques modernistes》ou la presse progressiste mais des catholiques authentiques,  si ils sont identifiés ainsi c'est parce qu'aujourd'hui une grande partie des personnes dites《catholiques》 ont l'étiquette mais pas la substance. Qui sont ces catholiques qui ne le sont pas ? Ceux qui ne croient plus à toutes les vérités enseignées par l'Eglise avant le concile Vatican II, croyants qu'évolution technologique et morale vont de pair  《Il faut vivre avec  son temps》disent-ils. Et la confusion s'introduit même chez les traditionnalistes. Pourquoi ? Parce que certains pensent que c'est la messe qui fait le traditionnaliste, la messe saint Pie V fait partie de la tradition de l'Eglise mais cette tradition de l'Eglise comprend aussi des enseignements en opposition avec des textes du concile Vatican II comme l'encyclique 《Dignitatis humanae》qui conduit à l'indifférentisme religieux. Ainsi on ne peut pas être traditionnaliste et:

.adhérer à 《Dignitatis humanae》. (nous verrons pourquoi)

.signer des documents schismatiques pour obtenir un indult donnant le droit de célébrer la messe.

.se taire sur certaines vérités pour célébrer légalement la messe saint Pie V alors qu'elle est un acquis...

CEUX LÀ SONT DES CONSERVATEURS ET NON DES TRADITIONNALISTES!

  En conséquence, cet article va vous montrer la cabale menée entre 1969 et 1984 contre la messe saint Pie V par l'intermédiaire des plus hautes autorités de l'Eglise en s'appuyant sur des travaux de la revue 《Itinéraires》. (1)

II Le scandale de la liberté religieuse 

  Qui est le Schismatique, celui adhère de pleine conscience à une encyclique comme Dignitatis humanae ou celui qui refuse ce genre d'enseignement car l'Eglise a enseigné quelque chose d'opposé avant? 

《...cette source empoisonnée de l’indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l’Église et de l’État, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d’impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. Eh ! « quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur ! » disait saint Augustin. En voyant ôter ainsi aux hommes tout frein capable de les retenir dans les sentiers de la vérité, entraînés qu’ils sont déjà à leur perte par un naturel enclin au mal, c’est en vérité que nous disons qu’il est ouvert ce « puits de l’abîme » , d’où saint Jean vit monter une fumée qui obscurcissait le soleil...》

Grégoire XVI Marari vos. 1836

 

《...il s’en trouve beaucoup aujourd’hui pour appliquer à la société civile le principe impie et absurde du « naturalisme », comme ils l’appellent, et pour oser enseigner que « le meilleur régime politique et le progrès de la vie civile exigent absolument que la société humaine soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la Religion que si elle n’existait pas, ou du moins sans faire aucune différence entre la vraie et les fausses religions ». Et contre la doctrine de la Sainte Écriture, de l’Église et des saints Pères, ils affirment sans hésitation que : « la meilleure condition de la société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violateurs de la loi catholique, si ce n’est dans la mesure où la tranquillité publique le demande ». À partir de cette idée tout à fait fausse du gouvernement des sociétés, ils ne craignent pas de soutenir cette opinion erronée, funeste au maximum pour l’Église catholique et le salut des âmes, que Notre Prédécesseur Grégoire XVI, d’heureuse mémoire, qualifiait de « délire »  : « La liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme. Ce droit doit être proclamé et garanti par la loi dans toute société bien organisée. Les citoyens ont droit à l’entière liberté de manifester hautement et publiquement leurs opinions quelles qu’elles soient, par les moyens de la parole, de l’imprimé ou tout autre méthode sans que l’autorité civile ni ecclésiastique puisse lui imposer une limite ». Or, en donnant pour certitudes des opinions hasardeuses, ils ne pensent ni ne se rendent compte qu’ils prêchent « la liberté de perdition »

Pie IX, Quanta cura.

 

QUELQUES ERREURS RAPPORTÉES DANS LE SYLLABUS DE PIE IX:

《À notre époque, il n'est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l'unique religion de l'Etat, à l'exclusion de tous les autres cultes.》

Syllabus LXXVII

 

Aussi c'est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s'y rendent y jouissent de l'exercice public de leurs cultes particuliers.

Syllabus LXXVIII

 

《Il est faux que la liberté civile de tous les cultes, et que le plein pouvoir à tous de manifester ouvertement et publiquement toutes leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent plus facilement les peuples les peuples dans la corruption des mœurs et de l'esprit, et propagent la peste de l'indifférentisme.》

Syllabus LXXIX

 

DANS LA CONCLUSION DE DIGNITATIS HUMANAE:

《Il est, en effet, manifeste que les peuples sont aujourd’hui portés à s’unir toujours davantage ; que des relations plus étroites s’établissent entre populations de culture et de religion différentes ; que s’accroît la conscience prise par chacun de sa responsabilité personnelle. Pour que des relations pacifiques et la concorde s’instaurent et s’affermissent dans l’humanité, il est donc nécessaire qu’en tous lieux, la liberté religieuse soit sanctionnée par une garantie juridique efficace et que soient respectés les devoirs et les droits suprêmes qu’ont les hommes de mener librement leur vie religieuse dans la société.》

Déclaration de l'Église catholique promulguée le 7 décembre 1965 par le pape Paul VI dans le cadre du Second concile œcuménique du Vatican

 

REMARQUE:

  Cet extrait de Dignitatis humanae est en nette opposition avec ce que l'Eglise a enseigné préalablement, ainsi on comprend mieux pourquoi mgr Lefebvre a pu dire que ce concile était schismatique. 

IIII Chronologie d'événements survenus entre 1969 et 1984

1969

 3 avril

  - CONSTITUTION APOSTOLIQUE Missale romanum de Paul VI déclarant qu'elle promulgue une nouvelle messe.

  Cette Constitution s'intitule en effet:

《Constitutio apostolica qua missale romanum ex decreto concilii oecumenici Vatican II instauratum promulgation.》

  Or cette constitution apostolique (ni aucun décret de Paul VI) ne déclare vouloir abolir la bulle Quo primum par laquelle saint Pie V avait codifié en 1570 la messe traditionnelle. L'abolition éventuelle de la bulle de saint Pie V n'aurait pu être qu'explicite, elle ne peut être implicite.

  En conséquence, la situation juridique de la nouvelle messe de Paul VI est d'être une dérogation particulière aux prescriptions non abolies de la bulle Quo primum.

19 juin

- Note du conseil permanent de l'épiscopat introduisant en France la communion dans la main.

Septembre 

-Lettre des cardinaux OTTAVIANI ET BACCI présentant à Paul VI un bref examen critique de la nouvelle messe et demandant l'abrogation de la nouvelle messe.

Octobre

-Fondation à Fribourg (Suisse) par Marcel Lefebvre, avec 9 séminaristes, de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.

20 octobre 

-Circulaire du saint-siège sur l'application progressive de la constitution apostolique Missale romanum.

1er novembre 

- Imprimatur donné au premier nouveau missel des dimanches (annuel) patronné par l'épiscopat Français et contenant  page 332, à titre de 《rappel de foi indispensable》, l'affirmation qu'à la messe 《il s'agit simplement de faire mémoire de l'unique sacrifice déjà accompli》.

12 novembre 

Dans une ordonnance du 12 novembre 1969 l'épiscopat Français a rendu obligatoire à partir du 1er janvier 1970 la célébration de la nouvelle messe et l'utilisation de la traduction Française établie par la commission épiscopale. (2)

  Cette ordonnance était juridiquement schismatique : en effet l'épiscopat Français y prétendait décider lui-même, en ne se référant qu'à son propre pouvoir, le changement de rite en France. Il n'invoquait ni la constitution apostolique Missale romanum, ni la circulaire romaine du 20 octobre 1969.

  Par cette ordonnance (3), l'épiscopat Français interdisait en fait, à partir du 1er janvier 1970, le rite traditionnel de la messe et, quel que soit son rite, le latin à la messe.

 

 Nous avons donc un acte schismatique! (l'interdiction de la messe traditionnelle sauf cas particuliers comme les vieux prêtres ayants reçu un indult) Cet acte fut même accompagné d'une hérésie figurant dans le nouveau missel des dimanches devant être utilisé pour suivre une messe "obligatoire".

1970

Octobre 

- Ouverture à Écône, par Mgr Lefebvre, du Séminaire International Saint Pie X, où seront instruits et ordonnés de jeunes prêtres pour célébrer la messe traditionnelle.

 

9 juin 1971

- DÉCLARATION DU CARDINAL OTTAVIANI (publiée dans l'hebdomadaire Carrefour par Louis Salleron qui est allé à Rome interviewer le cardinal): 《Le rite traditionnel de la messe selon l'ordo de saint Pie V n'est pas, que je sache, aboli.》

14 juin

Notification de la congrégation romaine du culte Divin pour la mise en place de la nouvelle messe (Notification superfétatoire pour la France, ou les évêques ont déjà devancé et dépassé Rome).

 

10 octobre 1972

- Imprimatur à nouveau décerné au nouveau missel des dimanches (annuel) de l'épiscopat qui, en sa page 383, réitère le 《rappel de foi indispensable 》de la première édition, selon lequel à la messe 《il s'agit simplement de faire mémoire de l'unique sacrifice déjà accompli》.

27 octobre 

- LETTRE À PAUL VI de Jean Madiran:

《Rendez-nous l'Ecriture, le catéchisme et la messe(...) Rendez-nous la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le missel romain de Saint Pie V. Vous laissez dire que vous l'auriez interdite. Mais aucun Pontife ne pourrait, sans abus de pouvoir, frapper d'interdiction le rite millénaire de l'Eglise catholique, canonisé par le concile de Trente. L'obéissance à Dieu et à l'Eglise serait de résister à un tel abus de pouvoir, s'il s'était effectivement produit, et non pas de le subir en silence (...) Très Saint Père, confirmez dans leur foi et leur bon droit les prêtres et les laïcs qui, malgré l'occupation étrangère de l'Eglise par le parti de l'apostasie, gardent fidèlement l'Ecriture sainte, le catéchisme romain, la messe catholique (...). Laissez venir jusqu'à vous la détresse spirituelle des petits enfants: rendez-leur, Très Saint Père, rendez-leur la messe catholique, le catéchisme romain, la version et l'interprétation traditionnelles de l'Ecriture. Si vous ne les rendez pas en ce monde, il vous les réclameront dans l'éternité...》

 

1973 les évêques de Sion Mgr Adam et le doyen d'Orbec au nom de l'évêque de Bayeux et Lisieux affirment que la messe saint Pie V est interdite.

Janvier

- 《Mise au point》 de Mgr Adam, Évêque de Sion (Suisse), affirmant qu'《il est interdit, sauf indult, de célébrer selon le rite de Saint Pie V, qui a été aboli (sic) par la constitution Missale romanum du 3 avril 1969》. Mgr Adam précise: 《 La présente déclaration est faite sur renseignement authentique et indication formelle de l'autorité.》(4)

Juillet 

- Communiqué de l'assemblée plénière des évêques Suisses: 《Il n'est plus permis de célébrer la messe selon le rite de Saint Pie V.

Octobre

- Au nom de Mgr Badré, Évêque de Bayeux et de Lisieux, le doyen d'Orbec publie un communiqué affirmant: 《Le souci d'obéissance à l'Eglise interdit de célébrer la messe selon le rite de Saint Pie V dans quelques circonstances que ce soit》.

 

1974

14 novembre 

- COMMUNIQUÉ DE L'ÉPISCOPAT FRANÇAIS qui, pour la première fois, cinq ans après coup  déclare explicitement interdite la messe traditionnelle (l'ordonnance du 12 novembre 1969 l'avait effectivement interdite, mais implicitement et par voie de conséquence, en rendant obligatoire la messe nouvelle en Français).

  Au communiqué est jointe L'ORDONNANCE ÉPISCOPALE du 14 novembre 1974, qui 《confirme sa décision antérieure 》, celle du 12 novembre 1969, mais cette fois 《en application》de la notification romaine du 14 juin 1971 et non plus de sa propre autorité.

21 novembre 

- Déclaration de Mgr Lefebvre : 《Nous refusons de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues.》

 

 

11 octobre 1975

Mai 

- 《Condamnation 》du Séminaire international d'Ecône et de la FSSPX fondés par Mgr Lefebvre.

 

29 juin

- Lettre de Paul VI à Mgr Lefebvre : 《 Le deuxième concile du Vatican ne fait pas moins autorité, il est même sous certains aspects plus important que celui de Nicée

11 octobre 

-Lettre du cardinal Villot, secrétaire d'Etat, approuvant au nom de Paul VI l'édition française du nouveau Missel, et assurant que par sa constitution apostolique Missale romanum de 1969, le pape a 《prescrit que le nouveau Missel doit remplacer l'ancien》.

 

1976

24 Mai 

- DISCOURS CONSISTORIAL de Paul VI réclamant que la messe traditionnelle ne soit plus jamais célébrée:

L'adoption du nouvel Ordo Missae n'est certainement pas laissée à la libre décision des prêtres et des fidèles... Le nouvel Ordo a été promulgué pour prendre la place de l'ancien.

Il ordonne qu'on accepte, en bloc, 《les enseignements du concile lui-même, les réformes qui en découlent, son application graduelle mise en œuvre par le siège apostolique et les conférences épiscopales, sous notre autorité voulue par le christ.》.Au nom de l'autorité suprême qui nous vient du christ, nous exigeons une prompte soumission à toutes les réformes liturgiques, disciplinaires, pastorales mûries ces dernières années en application des décrets concilaires.

C'est bien l'ensemble et c'est le tout.

8 septembre 

- A Jean Guitton qui lui demande d'autoriser en France la célébration de la messe traditionnelle, Paul VI répond 《sévèrement》: - 《Cela  jamais !》(Cette violente répartie ne sera rendue publique qu'après la mort de Paul VI, dans le livre de Jean Guitton paru en décembre 1979: Paul VI secret, p.158)

11 septembre 

- A Castelgandolfo, Mgr Lefebvre est reçu par Paul VI. Il demande au pape de 《laisser faire l'expérience de la Tradition 》, c'est-à-dire notamment de lever l'interdiction qui prétend frapper la messe traditionnelle. Le pape répond qu'il réfléchira et consultera la curie.

11 octobre 

- Lettre de Paul VI à Mgr Lefebvre exigeant (entre autres) l'abandon total et définitif de la messe traditionnelle.

1977

27 février 

-Premier dimanche de Carême : Mgr Ducaud-Bourget, l'abbé Louis Coache, l'abbé Vincent Serralda et les fidèles du rite Saint Pie V s'installent dans l'Eglise SAINT-NICOLAS-DU-CHARDONNET à Paris, ainsi rendue depuis ce jour au culte traditionnel.

 

1980

19 juin

- La congrégation romaine du culte (dans une communication qu'elle aurait voulu garder secrète) demande à tous les évêques d'ouvrir une enquête sur la permanence éventuelle d'un attachement à la célébration de la messe en latin et selon le rite traditionnel. Jean Madiran révèle l'existence et le contenu de cette enquête dans ITINÉRAIRES n°246 de septembre-octobre 1980, p.153 et suiv. 

  L'enquête sera systématiquement faussée par le fait que les évêques vont omettre ou même refuser d'entendre justement les personnes et les groupes qui demeurent attachés à la messe traditionnelle.

 

1981

Décembre 

- Publication à Rome des résultats (faussés) de l'enquête liturgique. Conclusion officielle : il n'existe plus aucun problème concernant la messe traditionnelle,  presque complètement disparue et presque complètement oubliée.

 

1983

21 novembre 

-《MANIFESTE ÉPISCOPAL 》.- Dans une 《lettre ouverte au pape Jean-Paul II 》, Mgr Marcel Lefebvre et Mgr Antonio de Castro-Mayer contestent (entre autres) la 《conception protestante de la messe 》qui est celle de la messe nouvelle de Paul VI : 《La désacralisation de la messe, sa laïcisation entraînent la laïcisation du sacerdoce, à la manière protestante. La réforme liturgique de style protestant est l'une des plus grandes erreurs de l'Eglise conciliaire...》

1984

3 octobre 

- Déclarant obtempérer à un désir personnel du pape (《ipse summus pontifex》), la congrégation romaine du culte, par une lettre aux présidents des conférences épiscopales, donne aux évêques la faculté de permettre, s'ils le veulent, des célébrations de la messe traditionnelle. 

  Mais la congrégation pose à l'octroi d'une telle permission cinq conditions absurdes : cinq conditions qui reviennent en somme à ne consentir la messe traditionnelle qu'aux prêtres et aux fidèles qui ne l'a souhaitent guère.

 《Il faut bien voir, au demeurant, qui est ainsi écarté du bénéfice d'une autorisation éventuelle. Pas seulement ceux qui contestent la messe de Paul VI: mais jusqu'à ceux qui doutent. Et pas seulement ceux qui doutent : mais jusqu'à ceux qui pourraient avoir liaison ou quelque rapport avec eux[...] Mais ceux qui n'ont aucun doute n'ont aucune raison pressante de demander la messe traditionnelle...》

Critique de Jean Madiran P38, revue itinéraire numéro spécial hors série décembre 1989

15 octobre 

Communiqué du secrétariat de l'épiscopat Français 

  L'autorisation donnée par le pape Jean-Paul II pour la célébration de la messe en latin selon le rite de Saint Pie V est subordonnée à une condition : 《la reconnaissance publique de la légitimité et de la rectitude de la messe de Paul VI et donc aussi de l'enseignement même du concile》

IV Pourquoi l'interdiction de la messe saint Pie V était invalide?

Dans le numéro spécial hors série 204 ter juin 1976 la rédaction de la revue itinéraire y oppose 4 arguments:

Premier argument:

. La bulle Quo primum de saint Pie V n'est pas abrogée, puisque cette abrogation n'est pas expressément stipulée par la constitution apostolique de Paul VI. Donc le canon 22, invoqué par les réformateurs, ne s'applique point ici... Ils allèguent cependant que la constitution MISSALE ROMANUM de Paul VI comporte expressément une clausule d'abrogation, la clausule du nonobstant. 

L'abbé Dulac a une réponse très éclairante à cette objection: 《 Quant à la clausule finale du nonobstant, elle est trop générique pour que, dans le style technique d'un document de cette gravité, elle doit censer abroger, sans laisser de doute possible, l'acte législatif parfaitement clair de saint Pie V.》P3 à 5.

Deuxième argument:

. Non seulement la messe traditionnelle n'a pas été interdite : mais elle ne pouvait pas l'être... Paul VI a véritablement imposé sa messe d'une manière qui exclut et interdit la messe dite de saint Pie V, on aurait alors simplement démontré que Paul VI a commis un abus de pouvoir. Un tel abus de pouvoir ne mériterait aucune obéissance. Au contraire: en un tel cas, l'obéissance à l'Eglise serait dans la résistance à l'abus

Troisième argument:

. Il existe d'autre part un doute majeur sur la liberté de Paul VI en matière de réforme liturgique. Le cardinal Gut qui était alors préfet de la congrégation romaine pour le culte Divin, a déclaré en juillet 1969, faisant allusion précisément au nouvel Ordo:

《  Nous espérons que, désormais, avec les nouvelles dispositions contenues dans les documents, cette maladie de l'expérimentation va prendre fin. Jusqu'à présent, il était permis aux évêques d'autoriser des expériences, mais on a parfois franchi les limites de cette autorisation, et beaucoup de prêtres ont simplement fait ce qui leur plaisait. Alors, ce qui est arrivé parfois, c'est qu'ils se sont imposés. Ces initiatives prises sans autorisation, on ne pouvait plus, bien souvent, les arrêter, car cela s'était répandu trop loin. Dans sa grande bonté et sa sagesse, le Saint-père a alors cédé, souvent contre son gré.

Cette déclaration du cardinal Gut n'a jamais été démentie, contredite ou rectifiée: pas même indirectement. Il est moralement certain qu'elle a été faite en accord avec Paul VI. P6 

Quatrième argument:

.La quasi-totalité des 《messes nouvelles 》qui, en fait, sont aujourd'hui célébrées en France, ne sont pourtant pas conformes au 《nouveau Missel romain》de Paul VI: mais à elles, on n'oppose point que ce nouveau Missel est 《obligatoire》[...] 

《En réalité, cet Ordo Missae n'existe pas. Ce qui existe,  c'est une révolution liturgique universelle et permanente, prise à son compte ou voulue par le pape actuel et qui revêt, pour le quart d'heure, le masque de l'ordo Missae du 3 avril 1969... Commencée par le pape, puis abandonnée par lui aux églises nationales, la réforme révolutionnaire de la messe ira son train d'enfer.》Itinéraires n°139 de janvier 1970.

 

V La réforme liturgique une affaire de francs-maçons ?

  Le 10 août 1976 le magazine Panorama diffusa en Italie une liste de 116 francs-maçons comprenant des prélats, quelques prêtres et laïcs, cette liste sera complétée le 12 septembre 1978 par 《la liste Pecorelli 》 à travers une publication de l'Osservatore Politico. Pecorelli sera assassiné quelques temps plus tard en 1979, cet assassinat fait partie d'une série d'actes criminels attribués aux activités de la loge P2. 

Carmine Pecorelli, dit Mino Pecorelli, né le 14 juin 1928 à Sessano del Molise, dans la province d'Isernia et mort assassiné le 20 mars 1979 à Rome, est un journaliste d'enquête italien. Son nom et son assassinat collent avec  l'affaire de la loge P2 (5) qui fit grand bruit en Italie et à l'étranger dans les années 1980.

Dans ces noms on trouve:

Cardinal Augustin Bea (1881-1968), nommé cardinal en 1959 par Jean XXIII il fut:

. Responsable du premier secrétariat pour l'unité des chrétiens. Cette fonction faisait de lui le responsable de l'application des Orientations oecuméniques décidées par Vatican II.

. Un artisan décisif de la rédaction des livres liturgiques catholiques actuels, surtout du missel, du lectionnaire, et de plusieurs fascicules du rituel et du pontifical.

 

L'archevêque Annibale Bugnini (6) (1912-1982). Proche de Paul VI il fut:

.Le principal organisateur de la réforme liturgique dont le concile Vatican II avait posé les bases théologiques. 

.Secrétaire du conseil pour la mise en œuvre de la constitution sur la sainte liturgie communément appelé consilium.

.Secrétaire de la commission préparatoire pour la liturgie (1959-1962)

.Secrétaire de la congrégation pour le culte Divin (1969-1976)

.Nonce apostolique en Iran (1976-1982). D'après lui cette mise au placard résulterait d'un dossier 《calomnieux》 remonté au saint siège indiquant qu'il appartenait à la franc-maçonnerie.

 

Cardinal Jean-Marie Villot (1905-1979). Nommé cardinal en 1965 il a été:

.Préfet de la congrégation du concile (1967-1969)

.Secrétaire d'Etat de 1969 à 1979 donc numéro deux du Vatican pendant 10 ans sous Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II et de fait responsable de l'Eglise à la mort de Paul VI et Jean-Paul Ier.

Cardinal Léon Joseph Suenens (1904-1996). Créé cardinal par Jean XXIII et proche de Paul VI il a été également:

.Un des 4 modérateurs nommés par Paul VI.

.Membre de la commission de coordination et du secrétariat pour les questions extraordinaires du concile.

.Il fut à la demande de Paul VI le relais entre l'Eglise catholique et le Renouveau charismatique 《catholique》.

 

Cardinal Achille Lienart (1883-1884) dit le Cardinal rouge par son soutien du syndicalisme ouvrier. Évêque de Lilles pendant 40 ans, il fut:

.l'un des plus ardents défenseurs su concile Vatican II.

.l'un des plus importants des évêques libéraux souhaitant un assouplissement de la discipline, de la liturgie et de la théologie.

.défenseur de l'idée des prêtres ouvriers.

 

Pasquale Macchi (1923-2006). Il fut:

.le secrétaire particulier de Paul VI entre 1954 lorsqu'il était archevêque de Milan et sa mort.

.nommé archevêque en 1988.

 

Cardinal Agostino Casaroli (1914-1998). Il fut le successeur du cardinal Villot au poste de secrétaire d'Etat qu'il tiendra entre 1979 et 1990.

 

L'archevêque Paul Marcinkus (1922-2006). Il fut:

.Interprète de Jean XXIII.

.Ami et garde du corps de Paul VI.

.Président de la commission Pontificale pour l'état de la cité du Vatican ce qui le mettait au 3ème rang derrière le pape et le secrétaire d'Etat. (1972-1981)

.Président de l'Institut pour les Oeuvres de Religion (banque du Vatican) entre 1971 et 1989.

 

  On pourrait dire que ce ne sont que des listes, que les informations peuvent être fausses... mais à la vue des rôles qu'ont tenus ces personnalités ça ne serait guère surprenant. 

 

 

VI Résumé 

.On a voulu faire croire au peuple chrétien et au clergé catholique que la messe traditionnelle était abolie en menant une tyranie au nom de l'obéissance. 

.Dans le missel des dimanches on a inculqué que le sacrifice de la messe était un 《rappel de foi》 et qu'à la nouvelle messe 《il s'agit simplement de faire mémoire de l'unique sacrifice déjà accompli》p332 de l'édition 1969-1970 et p383 de l'édition 1973. Mais est-ce une surprise lorsque l'on sait que la nouvelle messe à été constituée en compagnie de pasteurs protestants?

.Pendant que l'archevêque Cardinal de Paris Mgr Marty laissait chanter l'internationale et laissait courir un missel remettant en cause le sacrifice de la messe il persécutait ceux qui célébraient la messe saint Pie V comme Mgr Ducaud-Bourget. 

.Les prétendus schismatiques étaient ceux qui refusaient de tomber le véritable schisme par un refus d'approuver l'ensemble des textes du concile comprenant des textes en opposition avec des enseignements de l'Eglise ex: Dignitatis humanae qui valide la liberté religieuse en opposition avec Marari vos; Quanta cura et le Syllabus.

.Dans cette recension d'événements allant 1969 à 1984 on peut observer que les postes clés du concile étaient occupés par des personnalités œuvrant au syncrétisme religieux et furent accusées publiquement d'appartenir à la franc-maçonnerie.

  Et malheureusement les erreurs du concile Vatican II ne s'arrêtent pas à Dignitis humanae...

Jean de Grive 

(1) Revue mensuelle dirigée par Jean Madiran. Numéro spécial hors série 204 ter Juin 1976 et numéro spécial hors série décembre 1984.

(2) Ce Lectionnaire dominical, traduction Française confirmée par le Saint-Siège, est celui qui faisait dire à saint Paul (épître des rameaux): 《Le Christ Jésus est l'image de Dieu: mais il n'a pas voulu conquérir de force l'égalité avec Dieu.》Une ordonnance épiscopale qui prétend rendre 《obligatoire》la proclamation liturgique d'un tel blasphème est, pour ce motif aussi tout entière suspecte.

(3) Cette ordonnance a été signée 《Cardinal Marty, président de la conférence épiscopale》

(4) Pour le préoccupé doyen d'Orbec, ce qui suffit à interdire la messe traditionnelle, ce n'est pas un acte législatif, c'est un souci. Inutile de lui demander un acte, une loi, sa date, ses termes. Le souci, c'est assez. Le souci d'《obéissance à l'Eglise》.

(5) Loge P2 est fut incriminée dans l'attentat de la gare de Bologne en 1980; la faillite frauduleuse de la banque Ambrosiano en 1982 où le Vatican avait des placements sous la responsabilité de l'archevêque Paul Marcinkus; plusieurs assassinats liés à l'affaire de la banque Ambrosiano...

(6) https://laportelatine.org/formation/crise-eglise/nouvelle-messe/celui-par-qui-le-scandale-et-la-ruine-furent-annibal-bugnini-1947-1975